Pour analyser la pratique du concours de lecture, il faut d’abord s’interroger sur la place que l'on accorde encore au livre au sein de la société et dans l’enseignement. Quel est le rôle du livre ? Est-ce qu’on a encore le temps et l'envie de lire ? Il faut ensuite se consacrer à la désaffection de nos lycéens pour la lecture. D'où vient cette inhibition qui creuse le fossé entre les jeunes et le livre ?

Pour réconcilier avec le livre, il faut non seulement lutter contre la peur des élèves de ne pas comprendre mais également renouer avec la culture. En outre, le concours propose un accès au livre affranchi de toute obligation et de toute sanction. Le défi et le plaisir sont au centre de la démarche, tandis que les voyages et les rencontres avec les auteurs permettent de relancer la curiosité des  élèves, une étape essentielle de notre tentative d'éveiller le désir de lire.

Pourtant, le système du concours doit être absolument mis en question. Est-ce que le concours est un moyen adapté pour transmettre le plaisir de lire ? Est-ce que par ce moyen on n’induit pas simplement le désir « intéressé » de gagner un prix ? Est-ce que les enseignants d’aujourd’hui doivent accepter le fait que les jeunes lisent plutôt pour « gagner » que pour le plaisir « gratuit » de la lecture ? La lecture ne serait-elle plus une fin en soi ? Comment s’y prendre pour organiser un concours de lecture où le plaisir de lire ne soit pas seulement un « moyen détourné » ?