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mercredi 8 août 2018 / Catégories: Langues, Français

La remédiation, oui mais comment ? La remédiation en cours de langue française.

Franco Carolina

Soutenir les élèves en difficulté, agir le plus rapidement possible dès que des lacunes se font sentir, tel est l’un des objectifs premiers que se fixe tout enseignant dès qu’il entame une nouvelle année scolaire. Et pourtant, la mise en place de mesures efficaces s’avère souvent ardue, étant donné que chacun des enseignants la voudrait accessible à tous, voire si performante qu’elle serait un instrument contre le redoublement et in fine contre l’échec scolaire.
Néanmoins, d’après les différents acteurs du système scolaire, les mesures telles qu’elles sont proposées et pratiquées actuellement au Grand-Duché de Luxembourg sont « inefficaces et à l’origine de démotivation2 », vu qu’elles ne sont pas toujours accompagnées par les enseignants titulaires ni ne sont adaptées aux besoins réels des élèves en difficulté scolaire. On peut donc en conclure que ce ne sont pas les pratiques remédiatives à proprement parler qui sont remises en cause, mais ce sur quoi elles se fondent.
Afin d’éviter que les difficultés que rencontrent les élèves pendant leur cursus scolaire ne s’amplifient avec le temps et que ceux-ci n’arrivent à des situations de non-retour, il est primordial d’encadrer au plus vite ces élèves et ceci en milieu scolaire. Or, comment mettre en place une remédiation3 efficace tout en sachant que les pratiques varient d’un établissement à l’autre et d’un enseignant à l’autre ? Comment encadrer un élève en difficulté et faire en sorte qu’il appréhende la matière, la comprenne et l’assimile ? Comment procéder pour qu’il acquière les savoir-faire, les outils et les moyens nécessaires pour pouvoir accéder aux savoirs fondamentaux dispensés en classe et finalement aux socles prévus par le ministère de l’Éducation nationale ?
N’omettant pas que le rôle de l’école est « d’assurer la formation scolaire et, en complément à l’action des familles, l’éducation des élèves […] L’élève y reçoit un enseignement qui a pour objectif de le conduire à une certification reconnue, de lui permettre d’acquérir une culture générale… […]. »4 Néanmoins, force est de constater que l’école telle qu’elle existe de nos jours ne peut garantir le succès de tous ses élèves aux profils très hétéroclites et que donc,
2 Réponses recueillies lors du questionnaire distribué aux enseignants, cf. annexe 1, page 195
3 Dictionnaire Le Petit Robert, Le Robert, 2015, La remédiation est un « dispositif pédagogique mis en place après évaluation de l’élève, pour combler ses lacunes, corriger des apprentissages erronés ».
4 Ministère de l’Éducation et de la Formation professionnelle, Recueil de législation − Enseignement secondaire et secondaire technique, l.2. Loi du 25 juin 2004 : organisation des lycées et lycées techniques, Chapitre 2 − Les Lycées, Article 2, juillet 2010
elle échoue en partie dans ses missions et se trouve de plus en plus confrontée à un nombre croissant d’élèves en difficulté. Face à ce constat amer, la réforme des lycées de 2013 précise dans son projet de loi que les structures et mesures pédagogiques actuelles sont désuètes et doivent être revues pour « amener un plus grand nombre à obtenir un diplôme et avoir accès aux études supérieures. »5 Quant à la remédiation, une commission, appelée « la commission d’inclusion scolaire » composée du directeur, d’enseignants, des membres du SPOS, du médecin scolaire et d’un représentant de l’Éducation différenciée a été suggérée dans le projet de loi de 2013 qui prendra en charge l’élève décrocheur et fera « le diagnostic des difficultés, élabore[ra] un dossier personnel pour chaque élève, et propose[ra] les mesures d’appui scolaire et personnel appropriées. »6 Le ministère actuel veut encore aller plus loin en proposant « la création d’un Observatoire national pour le maintien scolaire et l’adoption d’une démarche de maintien scolaire dans les lycées.7 »
On peut dès lors constater que des idées innovatrices ne manquent pas pour pallier ce « problème » dans le système éducatif actuel. Toutefois, avant que cette réforme ne soit mise en place, comment un enseignant de l’enseignement secondaire ou secondaire technique peut-il agir le plus efficacement possible pour venir en aide aux élèves en difficulté, pour atteindre dans beaucoup de cas les savoirs préconstruits qui font souvent obstacle aux apprentissages ? (passage fondamental-postprimaire ; passage cycle inférieur-cycle supérieur)
De ce questionnement est née l’idée de ce travail de recherche qui n’a nullement la prétention de proposer une solution miracle, un remède qui bannira le nombre croissant d’élèves en difficultés disciplinaires. Toutefois, il est l’opportunité de comprendre les raisons pour lesquelles un bon nombre d’enseignants, d’élèves et de parents remettent en question l’utilité et l’efficacité de la remédiation telle qu’elle est proposée et pratiquée au Grand-Duché de Luxembourg, d’une part, et d’analyser s’il existe une autre méthode pédagogique qui conviendrait davantage aux besoins réels des élèves en difficulté, d’autre part.
Il va sans dire que cette « bouée de sauvetage », proposée aux élèves en difficulté dans leurs apprentissages, doit s’opérer au sein même de l’école. Il ne faut pas perdre de vue que le fait de ne pas offrir une garantie d’aide à tous les élèves intramuros peut engendrer davantage l’inégalité sociale. Par conséquent, ce soutien doit permettre à tout élève de développer ses
5 www.reformelycee.lu, projet de loi déposé en mai 2013
6 Ibid.
7 Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, Dossier de presse « Démarche et grandes lignes du développement scolaire à l’enseignement secondaire et secondaire technique », 20 janvier 2016, page 3 compétences et de consolider ses savoirs et savoir-faire. Il s’agira, dans ce cas précis, de mettre l’apprenant au coeur même de l’apprentissage afin qu’il en devienne l’acteur ; l’élève sera dès lors autonome et responsable et donnera du sens à ses apprentissages. Ceci lui permettra donc de passer du statut de récepteur à celui d’acteur. Ce rôle actif le motivera davantage dans son processus d’apprentissage et permettra dans certains cas de surmonter les difficultés rencontrées en cours d’année.
En d’autres mots, l’aide telle qu’elle est suggérée dans ce travail de recherche peut être perçue comme le siège de la consolidation des connaissances et savoir-faire transférables et du réinvestissement des connaissances. Ce travail de recherche permettra ainsi d’entrevoir une nouvelle forme de remédiation avec ses points forts et ses contraintes.
Cette recherche se penchera dans un premier temps sur une brève analyse des mesures de remédiation mises en place au Luxembourg, pour ensuite passer à une autre forme de « soutien » encore méconnue dans le système scolaire luxembourgeois, à savoir l’aide individualisée. Elle tentera de voir si cette nouvelle façon d’aider correspond davantage aux besoins des élèves en difficulté, mais aussi si les modalités pédagogiques sont appropriées et efficaces. N’oublions pas que l’individualisation induit un intérêt particulier pour l’élève qui n’a pas toujours l’opportunité de se réaliser en classe. Par ce suivi rapproché, l’enseignant aura l’occasion de cibler au mieux les difficultés de l’élève en question et de lui apporter un « soutien » adapté à sa situation et à ses besoins.
Un autre but de ce travail sera aussi de démontrer que toute aide n’est possible qu’à partir d’une prise de conscience et d’un dialogue, d’une part, et de l’investissement personnel de l’élève, d’autre part.
Pour montrer à quel point il y a urgence en matière d’aide aux élèves en difficulté, des questionnaires destinés aux acteurs principaux du système scolaire permettront de sonder la situation telle qu’elle est réellement ressentie par ces derniers.
Ce travail ne se base pas que sur la théorie ; il offre également une partie plus pratique réalisée sur le terrain. En effet, cette nouvelle forme de remédiation a été testée pendant deux années consécutives en classe de 12e section « infirmier » au Lycée Technique pour Professions de Santé (LTPS). Le fait d’avoir eu recours à cette méthode deux années de suite, a permis de revoir, d’améliorer et d’optimiser cette démarche afin de donner à l’élève les outils et les moyens nécessaires pour avancer et pour progresser dans ses apprentissages, d’une part, et d’entrevoir les limites de l’aide individualisée confiée à l’enseignant, d’autre part.

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