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lundi 6 août 2018 / Catégories: Langues, Français

Le français dans le décrochage scolaire : quelles corrélations entre la matière enseignée et la situation d’échec scolaire ?

by Alves Pedro

À l’origine de ce projet, il y a ce constat observé au long de mon expérience professionnelle en tant que professeur de français au Luxembourg : bien souvent, plusieurs élèves veulent participer en classe, répondre à des questions, exprimer leurs points de vue sur un thème précis, mais dès qu’il est question de formuler leurs avis en langue française, certains tâtonnent, réfléchissent sans émettre de son, se braquent, baissent les bras finalement et n’osent plus prendre la parole. Survient alors une question de leur part que bon nombre d’enseignants de toutes matières confondues connaissent par coeur : « Dierf ech et op Lëtzebuergesch soen ? (littéralement : puis-je le dire en luxembourgeois) »
La difficulté me paraît d’autant plus complexe lors des devoirs en classe écrits où les élèves sont obligés de répondre dans une langue précise et ne peuvent recourir à d’autre alternative. Il en va de même pour les réponses orales pendant les cours, les élèves qui sont loin de se sentir à l’aise dans une langue précise auront beaucoup de mal à s’exprimer dans la langue exigée de la matière évaluée.
« Les épreuves scolaires traditionnelles se révèlent de peu d’utilité, parce qu’elles sont essentiellement conçues en vue du décompte plutôt que de l’analyse des erreurs, pour le classement des élèves plutôt que pour l’identification du niveau de maîtrise de chacun. […] Une telle épreuve ne dit guère comment s’opèrent l’apprentissage et la construction des connaissances dans l’esprit de chaque élève, elle sanctionne ses erreurs sans se donner les moyens de les comprendre. »1
Qu’en est-il de ces élèves qui connaissent les réponses, les formulent tant bien que mal à l’écrit, mais se sentent frustrés de ne pouvoir les exprimer dans une langue qu’ils maîtrisent parfaitement, qui rende réellement compte de ce qu’ils désirent exprimer sans crainte de l’erreur ? Pourquoi ne pas avoir le choix entre le français, l’allemand ou l’anglais – langues enseignées au Luxembourg – mais aussi entre le luxembourgeois ou une autre langue maternelle ? Comment certains apprenants se sentent-ils lorsqu’ils doivent recourir au français par exemple dans une branche secondaire qui exige la langue de Molière avec des termes plus techniques, spécifiques à la matière en question alors qu’ils ont de réelles difficultés à s’exprimer dans cette langue ? Ne se sentiront-ils pas injustement évalués, pénalisés alors qu’ils connaissent globalement les réponses ? Ces lacunes ne sont-elles pas une source supplémentaire de démotivation en milieu scolaire pouvant donner lieu à une forme de décrochage scolaire ?