Ce travail de candidature s’inscrit dans le prolongement de recherches, réalisées dans le
cadre de mes études supérieures à l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne et
progressivement consacrées à la politique d’ouverture à l’Est (Ostpolitik) du gouvernement ouestallemand
entre 1963 et 1989. Pour ce mémoire, mes recherches se sont concentrées sur les
imbrications politiques et économiques de l'Ostpolitik entre 1963 et 1975. Dépassant le cadre des
possibilités diplomatiques avec les pays sous obédience soviétique, les dirigeants ouestallemands
« normalisent » au tournant des années 1960-1970 leurs relations avec les voisins de
l’Est en intensifiant les échanges commerciaux et économiques. Est-il possible de parler d’une
« économisation de l’Ostpolitik »? L’analyse des facteurs d’influence qui ont contribué à façonner
la politique d’ouverture à l’Est du gouvernement fédéral mettent en lumière les spécificités de la
diplomatie ouest-allemande tout en tenant compte de la complexité du contexte international au
tournant des années 1960-1970. L’imbrication et l'interdépendance des intérêts allemands,
français et britanniques au cours de cette période-clé du processus de réconciliation Est-Ouest
est explicitée au moyen de documents issus des archives officielles des pays analysés.
L’analyse des facteurs d’influence de l’Ostpolitik s’est effectuée sur la base de documents
diplomatiques et économiques consultés, en France, au Ministère des Affaires étrangères, aux
Archives nationales, au Ministère de l’Economie et des Finances ainsi qu’à la Fondation
nationale des Sciences politiques. Les archives politiques de l’Auswärtiges Amt à Berlin et les
documents issus des fonds britanniques conservés aux Archives nationales de Kewgardens font
également partie du corpus documentaire. De même, les recueils allemands publiés par le
Ministère des Affaires étrangères, le Ministère pour les Relations interallemandes ainsi que par le
Bundesminister für Wirtschaft complètent l’analyse des sources officielles. L’étude comporte
aussi un important travail bibliographique en vue de restituer l’état de la recherche sur le sujet.
« Ich will nicht verschweigen, dass ich von Anfang an reale, wirtschaftliche Interessen im
Auge hatte », indique Willy Brandt dans ses Mémoires.1 Cette citation dévoile le caractère
pragmatique et réaliste de l’action politique du maire-gouverneur de Berlin-Ouest entre 1957 et
1966, puis ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Grande coalition formé par
Kurt Georg Kiesinger (CDU) entre 1966 et 1969 et finalement du premier chancelier socialdémocrate
de la RFA entre 1969 et 1974. Inspiré par la devise du « changement par le
rapprochement » élaborée par son plus proche conseiller, Egon Bahr, Willy Brandt met en oeuvre
en direction d’Europe de l’Est une « politique des petits pas ». L’équi